Les élèves de la 4ème i du Literargymnasium Rämibühl sont en train de lire et analyser le récit autobiographique L’Analphabète de l’écrivaine Agota Kristof (née en Hongrie en 1935 et réfugiée en Suisse en 1956). Dans ce contexte, chaque élève a rédigé son propre texte autobiographique selon les consignes suivantes:
Agota Kristof écrit des chapitres très courts dans une langue simple, car le français n’est pas sa langue maternelle. Elle écrit à la première personne du présent et relate des événements autobiographiques. Chaque chapitre comporte un titre qui résume très brièvement le contenu de ce qui va suivre. Son écriture est simple mais dense (= dicht) et vivante. Elle utilise certaines figures stylistiques pour rendre son discours plus compréhensible ou plus expressif.
Je vous demande d’imiter un peu son style d’écriture et de rédiger un petit chapitre au présent avec le titre “Corona”, dans lequel vous êtes le narrateur/personnage et vous racontez votre propre expérience avec le virus, le confinement et tous les changements que cette crise implique. (D.T.)
Voici maintenant les textes autobiographiques de la 4ème i dont les auteurs ont bien voulu autoriser la publication (sans les noms). Bonne lecture! Les jeunes auteur(e)s sont doué(e)s:
TEXTE 1
Corona
Tout commence le vendredi 13 mars. Je retourne à l'école pour récupérer mes affaires. C'est la dernière fois que je vois mes amis. Je suis triste. Je prends le bus pour rentrer chez moi. Toute seule. Et le temps de l'isolement commence. Je me réveille le matin, je prends mon petit déjeuner et je m'habille. Puis, je m'assois à mon bureau dans ma chambre et je commence à travailler. Une heure passe. Deux heures. Trois heures. Quatre heures. Et soudain, c'est l'heure du déjeuner. Je déjeune. Puis je retourne dans ma chambre et je fais d'autres devoirs. Après deux heures supplémentaires, je m'allonge sur mon lit. J'appelle un ami ou je regarde la télévision. Je dîne et je vais me coucher. Et sans même le savoir, une journée s'est écoulée. Une journée ennuyeuse.
Je suis coincée dans un cocon, j'essaie de me libérer. Je veux déployer mes ailes comme un papillon. Mais je ne peux pas. Je n'ai pas le droit d'aller nulle part. Pour des raisons de sécurité. La seule façon de communiquer est par SMS et par téléphone. Mais que dites-vous à vos amis? Je n'ai pas de rendez-vous. Je n'ai pas de nouvelles aventures. Alors de quoi parlez-vous? Je suis seule, je m'ennuie et je m'inquiète. Une partie de ma vie passe très vite. Je passe à côté de beaucoup de nouvelles expériences. Je devrais sortir avec des amis. Être sociable. Mais je ne peux pas. Toute ma journée est consacrée aux devoirs. Maths, français, anglais, biologie, chimie, italien, histoire. Et pourtant, je n'apprends rien. Je prends du retard dans mes études. Chaque jour, je dois me forcer à apprendre du vocabulaire italien. Tous les jours, je lutte pour ne pas regarder mon téléphone. Pour ne pas me laisser distraire. Certains jours, je suis très négative. Je suis malheureuse, triste et en colère. Les autres jours, je me sens bien. Je vois le soleil à l'extérieur de mes fenêtres. J’y entends le chant des oiseaux. C'est tout ce dont j'ai besoin pour me sentir prête pour la journée. Je prends des récréations pour mon cerveau. Je fais des exercices pour faire travailler mon corps. Le coronavirus n'est peut-être pas si mauvais. Mais je me souviens alors de mes journées ennuyeuses.
Jour 63 en isolement. Je me réveille, je prends mon petit déjeuner et je me prépare pour la journée. Puis, je m'assois à mon bureau et je commence à travailler. 4 heures passent et c'est l'heure du déjeuner. Après le déjeuner, je vais faire des courses avec ma mère. Enfin, je peux m'échapper du cocon, aussi appelée ma chambre. C'est calme dans la voiture. Je regarde par la fenêtre et je vois des rues vides. Comme une ville fantôme. Puis j'entre dans le magasin. Je m'assure que je garde mes distances avec les autres personnes. Après les courses, je retourne dans mon cocon. Je fais encore quelques devoirs. Puis je regarde la télévision, je mange et je me couche. Une autre journée s'est écoulée.
TEXTE 2
Corona
Cela fait 68 jours que les portes de mon école ont été fermées… 68 jours depuis que nous avons été retenus en captivité dans nos propres maisons… 68 jours depuis que le monde a été mis en pause, alors que covid19 prend le contrôle de nos vies… 68 jours depuis le début du confinement. Au début, ils nous ont dit de rester calmes et d'attendre de nouvelles instructions. Attendre que l'inconnu frappe, est le plus dur pour tout le monde. Inconscient de ce qui nous attend... Est-il sur le point d'attaquer? Est-ce aujourd'hui le jour que nous attendions tous? Est-ce demain? Dans quelques semaines? Jamais? À qui dois-je demander? Covid19 ne me le dirait pas même s'il le savait. Nous attaquer, c'est ce qu'il fait pour vivre, chaque jour et de manière plus violente à chaque minute qui passe. La panique et la peur ont commencé à remplir l'atmosphère, même quand elles ne sont pas visibles dans les yeux des gens. C'est une sensation qui ne peut vraiment s'expliquer qu'une fois ressentie. Les gens craignent pour leur vie. La ville ne ressemble plus à une ville. Plus de circulation, plus d'enfants qui rient sur les terrains de jeux. Les rues sont vides et silencieuses. À la maison, les gens crient, pleurent, rient tous en même temps. Tout le monde est confus et a peur. Je comprends pourquoi, car je ressens la même chose. Certains font partie du groupe à risque, d'autres non. Pourtant, ils ont une chose en commun. Ils doivent tous se battre pour leur vie et celle des autres. Rester chez soi est une façon de se protéger des autres. C'est aussi une façon de protéger le monde de nous-même. Ceux qui restent à la maison survivent. Le virus attaque les faibles comme un chat poursuit une souris. En silence, avec prudence et au moment opportun, il attaque avec une douce violence. Une fois que le chat a attrapé la souris, il n'y a pas de retour en arrière. Ceux qui ont le virus, souffrent, ils souffrent d'une manière que les mots ne peuvent pas expliquer et c'est pourquoi le monde a peur. Nous avons survécu 68 jours et il en reste encore 19 jusqu’à ce que nous soyons libres. Est-ce que nous y arriverons ?
TEXTE 3
Corona
L’année 2020. Coronavirus. Covid-19. Les mots sont gravés dans ma tête. Je n’oublierai jamais le printemps de cette année. C’était un temps sans précédent.
Un virus inconnu s'est propagé à partir de la Chine. ‘’Il ne s'agit que d'une grippe, d'une maladie pulmonaire, qui n'est dangereuse que pour ceux qui sont déjà malades ou âgés’’, on m’a dit. Ce ‘’coronavirus’’, comme les gens l’appelaient, s'est propagé rapidement. Il fait les premières victimes après quelques jours seulement. Lorsqu'il s'est tourné vers l'Europe, tous les gens lui ont seulement souri. Tout le monde a continué à vivre comme d'habitude, s'embrassant, se serrant dans les bras et se serrant la main. Non, ce n’est pas vrai. Mon prof de français, Mme Thiébaud, avait réalisé que la situation était grave. Elle a gardé ses distances, a dit au revoir d'un geste et a commandé nos nouveaux livres de cours en secret, afin de pouvoir nous les remettre avant la fermeture de l'école.
En mars, vendredi 13, d’aventure, on a décidé de fermer réellement tout en Suisse. Même les restaurants sans ‘’take-away’’, même les magasins sans ‘’online-shop’’, même les écoles sans ‘’online-classes’’ étaient obligés de fermer. En ce jour crucial, nous avons eu une journée spéciale à l'école où nous avons fait de la lutte suisse. Alors, couvert de sciure de bois, j’ai découvert la nouvelle.
Quelques jours d'incertitude ont suivi. Aurions-nous des interrogations? Combien de temps cela durerait-il? On ne le savait pas jusqu’au mercredi de la semaine suivante. Finalement, nous avons été informés, inondés de courriels et d’instructions de travail en ligne. Je l’aimais. La nouvelle méthode de travail, je l’aimais. On pouvait organiser son temps librement. C’était génial. C’était génial jusqu'à ce que la vie quotidienne me rattrape. J'avais commencé à faire chaque jour pareil. Se lever, petit-déjeuner, travailler, manger, travailler, regarder la télévision, dormir. Il fallait que je change quelque chose. Et je l'ai fait. J'ai cuisiné de nouveaux plats, fait du sport, cousu une robe dans une chemise, commencé à étudier pour mon permis de conduire, pris des bains de soleil, lu. C’était génial. Et c'est resté ainsi.
La seule chose qui me manquait, c’était mes amis. Bien sûr, nous nous parlions régulièrement au téléphone, mais ce n'était pas comme quand nous nous rencontrions. J'attends avec impatience le moment où je trébucherai sur le chemin du lycée littéraire avec mon sac à dos d'école trop rempli et où j'accueillerai mes amis avec un grand sourire.
TEXTE 4
Corona
A la fin de 2019, j’entends pour la première fois parler d’un nouveau virus découvert en Chine qui cause des ennuis aux poumons. On n’y pense pas trop, car la Chine, c’est loin.
Quand on trouve les premiers cas en Europe, je ne peux plus l’ignorer, mais je suppose toujours que ce ne sera rien. Enfin, la grippe aviaire n’a pas non plus fait grand-chose.
Mais ce n’est pas la grippe aviaire : le coronavirus continue à se propager. Je commence à me laver les mains plus souvent.
Jusqu’ici, le quotidien n’a pas trop changé. C’est le 15 mars que cela finit : le conseil fédéral fait fermer les écoles. Maintenant, on doit travailler de chez soi.
L’école digitale, c’est une nouvelle expérience pour tout le monde. Moi, je m’en sors assez bien avec les études, mais mes collègues me manquent. Un avantage de cette situation est qu’on a pu améliorer l’utilisation des moyens digitaux. Aussi, on a réduit les émissions du CO2.
TEXTE 5
Corona
Après l’arrivée du virus en Suisse le gouvernement a décidé de fermer toutes les écoles et les magasins qui vendent des choses non essentielles. Cela a été fait pour limiter les personnes infectées. À cause de cela, beaucoup de gens devaient travailler de la maison, et les étudiants faisaient partie de ces gens.
Pour moi, le confinement à la maison ne s'est pas passé mal, car je suis un introverti qui aime rester à la maison toute la journée tous les jours. Cette situation ne m’a pas trop inquiété, mais on ne peut pas dire la même chose du reste de ma famille. Ils ne pouvaient pas supporter un style de vie comme le mien, où tout ce que je fais est passer toute la journée à regarder la télévision et à lire des bandes dessinées. Pour cette raison, ils allaient souvent au lac pour se relaxer, mais je suis rarement allé avec eux, parce qu’il y aurait beaucoup de gens, et je ne voulais pas risquer d’attraper le virus.
Quand il s’agit de l’école, je ne pense pas que j’ai perdu grand-chose, et j’aimais pouvoir organiser le travail comme je voulais. Malgré cela, nous ne savons pas encore comment nous retournerons à l’école, et même si nous savons quand nous retournerons à l’école, c’est évident que les leçons ne seront pas comme d’habitude. Le retour à la normalité se fera graduellement, et je pense que c’est la chose meilleure. Jusque là, je continuerai à passer toute la journée à regarder la télévision et à lire des bandes dessinées, et je n’ai rien à redire.
TEXTE 6
Corona
C’est le printemps, bientôt ce sera à nouveau l’été. Je suis assise devant mon petit ordinateur, j’essaie de me souvenir de ce que j’ai fait ce printemps, mais je n'y arrive pas. Quel dommage. Normalement je serais à la cantine maintenant, en train de discuter avec les garçons de n’importe quoi. Peut-être que je mangerais une pomme, ou quelque chose de sucré. Mais en ce moment, tout est différent, ou tout est pareil, comme vous le prenez. Chaque matin est comme l’autre (le précédent), je me lève, la plupart du temps je ne sais même pas quel jour on est, ni quelle heure il est. Je fais du sport pour ne pas me sentir mal et je fais mes devoirs et travaux, parce que je dois les faire. Quelque part entre les deux je mange le (petit) déjeuner et des autres petites choses pour satisfaire ma faim, qui est amusée par l'ennui. Et quand je finis, il est souvent assez tard pour préparer le dîner. Je déteste absolument faire ça, mais tout est mieux que ne rien faire. Alors je me retrouve à couper des tomates, cuire des nouilles ou rôtir de la viande, tout ce qui se trouve dans le frigo. Puis je mets la table et je rassemble les membres de ma famille présents pour manger. La plupart du temps, c'est juste mon père, ma sœur et moi, parce que ma mère doit travailler tard. Mon père me dit toujours que je sais faire la cuisine très bien, mais je sais qu’il le dit seulement pour être gentil. Au moins, cela me fait me sentir moins malheureuse. Si j'ai le temps, je m'entraîne à chanter et j'apprends des chansons par cœur. Je vais dans la chambre de mes parents et je m'imagine sur une scène entourée de beaucoup de monde. ‘Bonne soirée à tous !’je crie dans ma tête. ‘Comment ça va ? Est-ce que vous êtes prêts ?’ Ensuite je chante beaucoup de chansons, de Conan Gray à The Weekend, tout ce que me plaît. ‘Merci de m'avoir écoutée, mais je dois y aller. J'ai un skateboard qui m'attend !’ . A ce moment, je prends mon board et roule à travers le quartier en écoutant de la musique. Chanter et ‘skater’, c’est comme une thérapie pour moi. Quand je passe une mauvaise journée, ça m’aide à comprendre ce qui s’est passé et à me débarrasser de toute la mauvaise énergie qui est en moi. Après, je retourne à la maison, où ma sœur m’attend. Je lui lis une histoire en allemand ou en cyrillique et éteins les lumières. Peut-être que je regarde un peu de Netflix ou écrit des drôles de messages à mes amis ou simplement je vais au lit.
Cette situation m’a rendue misérable. Je n'aurais jamais pensé dire ça, mais l'école me manque. Ne pas pouvoir rencontrer mes amis aussi souvent et être constamment à la maison n'est pas si cool pour une personne extravertie comme moi. Je suis beaucoup dehors. Je sais que ce n'est pas l'idée dans un moment comme celui-ci, mais être coincé à la maison est tellement étouffant. Certains jours sont meilleurs que d’autres. Souvent je réussis à ignorer l’ennui, mais il est toujours là. Néanmoins, je n’ai pas d'autre choix que d'attendre et de voir. Après tout, ce sera bientôt à nouveau l’été, et j’espère que ce sera un été où je pourrai me souvenir de ce je qu’ai fait.
TEXTE 7
CORONA
Ça a commencé si vite, d’un jour à l’autre, tout était différent. Ce jour-là, un vendredi, on est allé à Lenzerheide pour faire du ski. Mais arrivés là-bas, le virus nous avait déjà rattrapés. Tous les télésièges sont restés fermés dès ce week-end-là. C’était là que j’ai réalisé ce qui nous attendrait pour les prochaines semaines.
Maintenant, je suis assis dans ma chambre et fais des devoirs de l’enseignement à distance ; comme toutes les longues semaines avant. Mais le problème, ce n’est pas les exercices qu’on doit faire. C’est plutôt le manque de motivation, de vraiment s’asseoir et commencer à travailler. La structure de mes journées n’est plus bien organisée. L’école nous a toujours obligé à suivre un plan strict. Donc, c’est sûrement le changement qui m’affecte le plus. En même temps, le travail est la seule chose qui me donne un objectif à atteindre. Je ne peux plus faire de la natation, je ne vois pas mes amis aussi fréquemment que d’habitude. Des choses et activités qui fonctionnent normalement comme des compensations pour l’école ont été annulées. Alors, dans cette situation, je suis encore plus heureux d’avoir un chien. Il me donne une structure quotidienne. Ce qui se passe autour de lui ne le concerne pas, la seule chose qu’il faut faire, c’est aller dehors avec lui deux fois par jour. Ces petits aspects qui n’ont pas changé deviennent plus visibles que jamais.
Donc, il y a évidemment plein de bonnes choses que j’apprends ou dont je fais l’expérience durant cette période. Comme tout a changé, j’ai aussi envie de profiter de mon temps. Le temps précieux dont – je réalise – je n’ai pas eu beaucoup. Normalement, il ne reste pas trop de capacité à part de l’école. Alors, c’est le moment où je commence des nouveaux projets. Par exemple, je me suis décidé de faire une peinture. Une nouvelle chose à laquelle je n’ai jamais fait attention dans mon temps libre. Ou faire du sport tout seul, avec l’aide des vidéos sur Youtube. Un autre aspect, ce sont mes amis en Allemagne. Après être parti pour la Suisse, il fallait rester en contact sur internet, à part des visites tous les trois mois. Ayant une vie à Zurich, il ne restait pas beaucoup de temps pour des conversations régulières. Donc, la crise Corona à cause de laquelle tout le monde reste à la maison nous donne une autre chance.
Franchement, je m’habitue de plus en plus au confinement, aux rencontres virtuelles et l’apprentissage autonome. Et je commence à voir les bons aspects, en n’oubliant pas les difficultés bien sûr.
En tout, ce qui reste de cette situation, c’est l’incertitude. Quand va-t-on retourner à l’école ? Pourrons-nous aller voir nos grands-parents pour Noël ? Ou est-ce que ce sera toujours trop dangereux ? Mais personne ne connaît une réponse à ces questions. Pour moi personnellement, je voudrais bien que tout revienne à la normalité. Je le trouve passionnant qu’on doive s’adapter à ces circonstances et intéressant comment on y réussit. Et pourtant, je veux que tout ça finisse bientôt. Je pense que j’ai pu m’adapter surtout parce que j’espérais que cette situation finirait. Quand-même, on est loin de la fin et, peut-être qu’il ne faut pas que changer des habitudes, mais l’attitude.
TEXTE 8
Corona
Je l’entends partout : Corona, Coronavirus, « Corona-semestre », Covid-19, le virus. En ce moment, la maladie est devenue quelque chose de normal pour moi. Est-ce que cette situation me fait plaisir ? Non. Est-ce que je me suis habitué à cette situation ? Oui. Maintenant, en écrivant ce texte, je me dis que cette maladie est comme l’hiver : on n’aime pas la neige, les températures froides et le temps mauvais. Mais, on s’habitue à ça, on reste à la maison, on monte le chauffage et on prend des autres mesures pour vivre en confort. Après, le froid partira et la neige va fondre. C’est la même chose avec le virus : on s’est habitué à la maladie est on est sûr que le virus va partir.
Je me souviens comment tout a commencé : Il y avait des nouvelles de Chine qu’un nouveau virus avait été trouvé en Chine. Moi, je n’avais pas encore peur, j’ai trouvé même que les nouvelles étaient très intéressantes. Mais tout a changé quand j’ai entendu que corona était en Suisse. Depuis ce moment, je n’étais plus aussi calme qu’avant. Je me souviens du moment où ma grand-mère nous a téléphoné. Elle habite en Russie, où le virus n’était pas encore. « Oh, mes pauvres, vous devez faire attention à votre santé, sinon, vous allez vous infecter, vous allez être malades, vous allez mourir ! ». Ma grand-mère se fait toujours du souci pour aucune raison, et maintenant, elle a une raison pour se faire du souci et pour avoir beaucoup plus peur que normalement. Je pense : pourquoi elle se fait-elle du souci à cause de nous. Elle a 83 ans, le virus est plus dangereux pour elle que pour nous ! Pour dire la vérité, je m’inquiétais aussi. Je pensais à ma grand-mère, elle est vraiment très âgée. Deux fois par semaine, une femme va la voir/lui rend visite et lui donne des produits à manger et range son petit appartement. Le problème est qu’elle utilise le métro pour aller chez ma grand-mère, dans lequel il y a beaucoup de gens qui peuvent avoir beaucoup de maladies, et ça peut donner beaucoup de problèmes à ma grand-mère. J’ai parlé à ma mère à cause de ce problème. Elle était d’accord avec moi, ma grand-mère avait vraiment le risque de mourir si elle était malade de corona. Ma mère a téléphoné à cette femme et elles ont trouvé une solution : elle placera des produits devant la porte de ma grand-mère, comme ça, il n’y aura pas de risque d’une infection.
Pour moi, le virus était quelque chose de bizarre au début de la quarantaine. Quand l’école a été fermée, j’étais heureux de n’avoir plus les leçons intensives pour un temps. Mais, après quelques jours, j’ai réalisé que la quarantaine/ le confinement n’était pas la joie. Le contact avec les amis est perdu et la vie à la maison qui se répète chaque jour est ennuyante. On ne reçoit pas la même quantité de matériel scolaire que normalement, on reçoit moins. Je pense que quand nous retournerons, on nous donnera tout le matériel qu’on n’a pas fait à cause de Corona et on devra faire énormément à l’école. D’une part, la quarantaine à cause du virus est la torture, d’autre part, ça m’a ouvert des nouvelles possibilités pour me sentir bien dans ce temps mauvais. Grâce au travail indépendant, j’ai appris à faire un emploi du temps intelligent et à travailler de manière responsable. Corona m’a donné plus de temps libre, je peux faire du sport, quelque chose que je ne fais pas dans le temps normal. Corona m’a donné la possibilité de me lever plus tard, je ne suis pas aussi fatigué que normalement. Corona m’a donné plus de temps pour parler avec ma famille. Corona m’a aidé à améliorer mon hygiène personnelle. Corona nous a appris beaucoup de choses. Je réfléchis : comment est-ce que Corona va changer le monde ? Est-ce que l’homme va être plus prudent et intelligent ? Ce sont des questions auxquelles je ne peux pas répondre. Mais ce que je peux faire, est me soucier de ma famille pour qu’elle soit heureuse et en bonne santé. Dans ce temps difficile, je me dis toujours : « Il faut être heureux pour vivre et vivre pour être heureux. »
TEXTE 9
Corona
Le 13 mars est un jour bizarre. Il commence comme tous les jours. Je me lève, je prends le train à l’école est je passe ma journée avec mes amis. Mais tout change l’après-midi quand on nous dit de prendre toutes nos affaires de notre cassier et qu’on ne va pas retourner à l’école pour un temps indéfini. Et comme ça je comprends que le corona virus est là, en Suisse, chez nous et pas que chez les Chinois. En ce moment, je ne sais pas quoi penser, mes amis non plus. On a peur. On a hâte de comprendre. On est confus/troublés.
Donc le confinement commence. L’état dit jusqu’à fin mars. Le virus va vite passer. Je me rappelle que le dimanche nos voisins, (ma meilleure amie avec son père qui est le meilleur ami de mon père) et nous on passe le jour ensemble. Je ne pense pas que tout c'est vraiment sérieux. Je comprends qu'en Chine le virus a détruit des vies, mais c’est en Chine et moi, je suis à Zurich. Rien de mal peut se passer là, certainement pas un virus qui tue des gens. Mais bon, quelques jours après, moi et ma famille sommes en confinement. On ne sort pas pendant les prochaines semaines. Le mercredi de la première semaine le “distance Learning” l’enseignement à distance commence. Ça va, je me dis. Et en vrai, ça va. Bien sûr, les jours sont ennuyants, mais on ne peut rien faire. Je ne peux certainement pas sortir. Je comprends ça. Je regarde les infos avec ma mère et mon père chaque soir. Je suis informée comment Boris Johnson donne la main aux gens après dit que les Anglais ne peuvent pas sortir et doivent avoir deux mètres de distance. J’observe comment au début le président des États-Unis dit que le virus n'est pas grave et comment il ne donne pas d’argent aux hôpitaux et que les gens meurent à cause de ça. Ça me dégoute. J’ai peur que mes grands-parents en Angleterre meurent du virus. Je passe mon temps à appeler ma famille, mes amis, ma classe. Je fais mon travail pour l’école, je joue mes instruments, j’observe comment le monde s’effondre. Le truc est, quand on a une maison, à manger et des médiaux sociaux, on peut vite oublier tout le mal qui se passe autour de soi. J’entends comment les gens pauvres en Inde meurent parce qu’ils habitent trop proches les uns des autres. En même temps, je regarde des films dystopiques.
Maintenant je suis là, on est le 19 mai. On a décalé la rentrée plusieurs fois. Le 8 juin, on nous dit maintenant. Mais en demi-classe. Les boutiques sont ouvertes depuis 2 semaines. La vie sociale continue où elle s'est arrêtée il y a deux mois. En même temps, on attend une deuxième vague des cas du virus. Les gens ne comprennent pas que le virus n’a pas disparu. Le monde ouvert pour l’économie. Pour le moment je sais quoi faire, je reste chez moi et j’attends. J’attends jusqu’à ce que tout le monde revienne à la normale. Quand ce sera, je ne sais pas.
TEXTE 10
Coronavirus
En hiver, tout le monde s’est moqué d’un homme en Chine, qui a mangé une chauve-souris et à cause de ça, là, il y avait un nouveau virus. Personne ne l’a pris sérieux. Moi et mes copains avons fait des blagues tout le temps. Mais quelques semaines plus tard, le virus était en Corée de sud, en Italie, et le pire, en Suisse. Tout à coup, tout le monde avait peur et ainsi d’un jour à l’autre, la gare centrale était vide de monde quand je suis allé à l’école.
Pour moi, la vie a continué comme avant mais quelque chose était différent. Dans les trains le matin, au déjeuner, à midi ou dans les rues le soir. Ce n’était rien qu’on pourrait décrire, c’est ça, plutôt un sentiment, un état. Mais ce sentiment bientôt est devenu très réel, parce que l’école, avec toutes les autres institutions publiques, a été fermée. Samedi, j’ai appris de la physique pour l’interro la semaine suivante, et dimanche j’ai écouté comme le conseil fédéral a annoncé sa décision. Et maintenant quoi ? c’était nouveau pour moi. L’école est si normale, si élémentaire que j’étais très surpris. Je n’étais pas surpris que l’école ait été fermée d’un point de vue rationnel, c’est une action nécessaire lors d’une pandémie. Plutôt que ce soit possible, qu’il y ait une vie différente. Bien sûr, on n’a pas d’école pendant les vacances, mais les vacances sont aussi une partie de l’école. Ceci a montré comment l’école est importante et présente dans ma vie. J’ai bientôt découvert, que c’était nouveau pour les profs aussi. Evidemment, ça a duré quelques jours jusqu’à ce que tout soit rangé sur l’internet. Ça aussi, c’était nouveau. L’internet. Une place où tous ces jeunes font des choses bizarres. Mais maintenant c’est devenu une place d’étude. Après environ une semaine tout était en ordre et les cours pouvaient continuer d’une nouvelle façon. Les cours comme ça n’existent plus, on a des instructions en ligne, qu’on doit exécuter jusqu’à un délai fixé. Moi, j’aime beaucoup ce système. Je peux dormir très longtemps et je peux travailler quand je veux. Peut-être que dans le futur/ à l’avenir, on utilisera plus l’internet pour l’école et on ne devra plus y aller.
TEXTE 11
Corona
Je lis un magazine quand j'entends le terme "Corona virus" pour la première fois. Le virus est apparu en Chine, selon toute vraisemblance. Beaucoup de personnes âgées meurent et nous ne pouvons rien faire. Personne ne connaît ce virus. Les gens ont peur. C'est comment la pandémie a commencé. J'étais au Canada quand le monde entier a commencé à se refermer lentement. Mes parents m'ont dit que je ddevais vite rentrer parce que bientôt tous les aéorports allaient fermer et personne ne pourrait plus quitter le pays. Les gouvernements ont décidé de tout fermer pour protéger la population de ce virus.
Maintenant toutes les personnes sont en confinement. Les jeunes peuvent assister à l'école en ligne. Le tourisme est mort et donc aussi l'économie. Le seul point positif de cette situation est que je lis. Je lis beaucoup. Je lis des livres de biologie, de fiction et tous sont fantastiques. Pendant la pandémie, je peux seulement pratiquer mes sports et faire les devoiurs des professeurs. Ma routine c’est ça. Je me réveille le matin et après je dois faire tous les devoirs. L’après-midi je fais beaucoup de sport et ça m’aide à me concentrer quand je dois faire les devoirs. Pendant les deux mois j’ai fortifié mon corps et je vis une vie plus saine.
Au début, j’avais très peur parce que je ne connaissais pas le virus. Beaucoup de gens sont morts à cause de cela. Pas seulement les familles qui ont perdu des membres sont tristes mais l’économie s’effondre. Je connais des personnes qui ont perdu leur emploi et qui ont des problèmes financiers maintenant. Je pense que les gens qui vivent en Suisse, ils ont de la chance parce que la plupart ont encore assez d’argent.
Pour moi, le virus corona a seulement changé mon style de vie et ce n’est pas problématique.
Mon attitude, c’est «l’isolation est un privilège ».
TEXTE 12
Corona
Je suis à la maison. J’étais à la maison pendant plusieurs semaines en confinement parce qu’il y a une pandémie mondiale. On nous a dit que le virus n’était pas dangereux pour les jeunes, mais il faut que nous allions en confinement pour n’infecter personne.
Moi, je suis un peu surpris. J’ai imaginé qu’en confinement on ne pouvait pas quitter la maison et qu’il y avait des docteurs qui viennent examiner quelques individus et des hommes qui apportent la nourriture aux gens en quarantaine. Mais en réalité, ce n’est pas du tout comme ça. Les hommes peuvent aller où ils veulent et ne doivent pas rester à la maison tout le temps. Naturellement il y a quelques règles qu’on a présentées *pour être sûr que rien n’arrive aux citoyens. Par exemple, il y a une limite sur le nombre de personnes dans une place et il faut qu’on garde toujours la distance.
Pour moi, les nouvelles mesures changent beaucoup. Je ne peux plus avoir l’école, ce qui est très triste parce que l’année prochaine il est nécessaire que je sache tout ce que on nous aurait appris cette année. Ce qui m’énerve aussi est que je ne peux plus aller où je veux parce que si je voudrais aller quelque part tout à coup tout le monde est là parce qu’ils ont beaucoup de temps à faire ce qu’ils veulent.
J’espère que je pourrai retourner à la normalité bien que j’aime être avec ma famille et faire peu de choses je sais aussi que plus je reste ici, plus de problèmes j’aurai après parce que je m’habituerai à cette situation.
TEXTE 13
Corona
(...)
TEXTE 14
Corona
Je vis. C'est comme un train qui tourne en rond, qui tourne et qui retourne. Je vis de jour en jour, suivant les mêmes rituels, voyant les mêmes visages: mère, père, frère, mère, père, frère.
Le matin, je me lève à la même heure, au chant des oiseaux et à l'activité du chantier. Comme le matin précédent et le matin qui suivra, je sors du lit pour parcourir les cinq mètres entre l'échelle et le pouf. Pouf, je me laisse tomber dessus, prenant le livre et l'ouvrant.
Une demi-heure plus tard, le réveil sonne. Je ne l'ai toujours pas changé, il sonne de plus en plus tard, on dirait; ou alors, je me lève de plus en plus tôt. Je l'éteins, me change, et vais déjeuner.
-Bien dormi?
-Oui.
Deux tartines; une au beurre de cacahuètes, une à la confiture. Je ne prends pas de miel, parce que quelqu'un en a pris sans essuyer son couteau; des traces de beurre et des miettes de pain flottent sur la mer dorée, tels des bouts de plastique pourri.
Puis, c'est l'heure de l'école. J'allume mon laptop, je regarde sur Teams quels sont les devoirs donnés par le prof du jour. J'y passe une heure ou deux, puis j'ai fini. Les devoirs, ça va vite, comme tout durant le confinement: c'est une image floue qui défile à toute vitesse, avant le voile noir, qui se relève pour une nouvelle course à travers le temps.
Je m'occupe comme tous les jours, en regroupant mes idées du soir précédent. Je les complète, ajoutant un nouveau sort à la la liste et créant un nouvel objet magique pour le guide d'objets magiques.
Midi vient, il y a quatre chances sur cinq que ce sera médiocre; dans un monde sans fin, tout devient répétitif. De nouveau, un rituel incassable, puis je retourne dans ma chambre pour continuer sur mes plus gros projets; les idées du soir sont épuisées.
Un jour, comme un éclair, le film est brisé: je peins un dragon, une sublime miniature, et j'y passe deux heures. Une activité hors du commun, un caillou dépassant de la rivière; puis je replonge, et le courant m'emporte dans son emprise éternelle.
L'après-midi passe toujours plus rapidement que le matin; ce doit être une cascade, ou la personne qui regarde hors de mes yeux accélère la vidéo pour ne pas s'endormir. Je fais un peu de code, travaillant sur html et php et toutes les magies de l'internet; je travaille sur mes gros projets, continuant le flot incessant de matériel pour jeu de rôle.
Le souper apparaît, ou était-ce le déjeuner?, puis la rivière s'engouffre dans une caverne, et le voile noir tombe. Et la lumière réapparaît, et je me retrouve à faire une nouvelle boucle de train, replongeant dans la rivière depuis le haut de la colline.
TEXTE 15
Corona
Bien sûr, ces dernières semaines, j'étais à la maison la plupart du temps. Je me suis surtout concentrée sur l'école. Pour rester active, j'ai essayé de faire beaucoup de sport et de sortir dans la nature. J'ai donc redécouvert ma joie de faire du jogging. Quand j'ai de l'air frais, je peux laisser sortir mes forces, j'écoute de la musique et je vois de beaux paysages ; je me sens libérée. J'essaie aussi de m'entraîner beaucoup au violon. C'est très motivant de voir à quelle vitesse on peut progresser quand on s'entraîne autant. J'ai également pris des cours de violon normaux ces deux dernières semaines, j’attendais cela depuis longtemps. Cela m'a rendue très heureuse! Cependant, cela me manque de ne pas voir mes amis tous les jours et de ne pas pouvoir leur parler directement. J'ai remarqué que l'école me donne une bonne structure quotidienne et que j'ai beaucoup d'interactions avec les gens. Ma vie quotidienne ordinaire me manque. J'ai l'impression que j'en fais généralement plus parce que je suis à plusieurs endroits et pas à la maison presque toute la journée. Quoi qu'il en soit, j'espère vous revoir tous bientôt à l'école.
TEXTE 16
Corona
Je me réveille. La lumière du soleil brille à travers mes stores à moitié ouverts ; je couvre mes yeux larmoyants pour les protéger de cette situation désagréable. Mon père me dit : - Sors du lit, tu continues à faire ça. Ce n'est pas bien. Je soupire et je regarde ma montre pour voir qu'il est midi, je gémis. Chaque jour, je me réveille toujours tard, la moitié de la journée est passée et je prends mon déjeuner. Dormant, je descends par l'escalier de marbre dans notre cuisine. Beaucoup de gens la trouveraient laide, les placards et les tiroirs sont de couleur beige moutarde avec des poignées de porte marron chocolat. Le sol est rouge vin. J'adore, il est des années 70. Je me dirige vers la salle à manger ensoleillée, c'est l'une des seules pièces rénovées de notre maison. Je m'assieds à la table et je remarque une tache sur la nappe, blanche par ailleurs, que j'ai probablement laissée la veille. Ma mère essaie de cacher son regard désapprobateur qu'elle m'avait lancé quelques instants auparavant. Elle m'interroge sur la chose habituelle : les travaux scolaires, et si je m'en occupe. Je lui réponds par l'habituel : - Oui. Et elle semble satisfaite. Cependant, ce n'est pas toujours vrai, je me retrouve souvent à la traîne dans mes devoirs. Non pas que je le dise à mes parents. Je regarde dehors en me demandant si je trouverai la motivation pour travailler aujourd'hui. Mon père, le visage sévère, jette un coup d'œil de l'autre côté de la table : -Aujourd'hui est une journée ensoleillée, les travailleurs vont chercher le bac vert jeudi, j'apprécierais que vous alliez dehors pour ramasser les branches de bambou. Avant de répondre, ma mère lève rapidement les yeux, elle fait toujours ça quand mon père me propose du travail : - Tes devoirs scolaires passent en premier, je ne veux pas que tu ailles faire des conneries à la maison pendant que tu as des devoirs scolaires à faire. Je soupire en réponse. Je me lève pour partir, sans tenir compte des asperges froides et gluantes que je n'ai pas mangées. Je prends mon assiette et quelques autres casseroles et bols pour la table en me dirigeant vers la cuisine : - N'oubliez pas de rincer votre assiette et de charger le lave-vaisselle, y compris nos assiettes quand vous aurez fini. Ma mère aime me rappeler qu'elle est toujours très contrariée si je ne rince pas les assiettes. Si je fais tout tomber, je m'en vais. Sachant très bien que je dois faire mes corvées avant que mes parents ne décident de cuisiner. Une fois dans ma chambre, je m'assois et j'ouvre mon ordinateur portable. L'équipe est ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, je regarde le travail que je dois faire et je commence à décider quand je veux faire quoi. Je lève les yeux, par ma fenêtre je peux voir mon jardin, il est magnifique. Les arbres traversent le périmètre, créant une certaine intimité, devant moi la "pelouse" s'étend au loin, des fleurs poussent juste à l'entrée et je peux entendre le gazouillis des oiseaux, alors qu'un des chats, aujourd'hui orange, se précipite à travers le champ, probablement à la poursuite d'une souris. C'est vraiment beau ; je pense en concentrant mon attention sur les tâches qui m'attendent. Je soupire et je ferme mon ordinateur portable. Je vais m'allonger sur mon lit, mais avant de le faire, je tire mon vinyle de "The queen is dead", de son étagère et le pose sur mon tourne-disque. Je sais que j'évite le travail, c'est drôle, je veux vraiment travailler, j'aime l'école, mais ce n'est pas l'école. L'époque des salles de classe bondées est révolue, tout le monde se concentrait sur le professeur, certains pas autant. J'aime cette atmosphère, s'asseoir à un bureau, écouter, apprendre, débattre. Mais ce sentiment a été volé, il n'est pas présent à la maison. On est constamment tenté par la pléthore de distractions dans sa chambre. Je ne peux pas me concentrer à la maison, et le fait de parler constamment avec les deux mêmes personnes des quatre mêmes choses peut étonnamment devenir très vite ennuyeux. Cela ne veut pas dire que tout cela est mauvais, c'est moins sombre que ce que je décris maintenant. Mais plutôt que mon humeur change, passant de l'ennui à la créativité, de la motivation à l'épuisement, en quelques secondes. C'est étrange, même si je fais de mon mieux pour créer ma pensée en français, une langue qui, j'en ai peur, ne m'aime pas beaucoup, même si je fais de mon mieux pour l'apprécier, ce que je fais souvent, vous seriez surpris. Cette boucle constante d'incertitude semble être ma vie en ce moment. Même si j'essaie de faire quelque chose d'amusant, le destin a une drôle de façon de le rendre horrible. Par exemple, l'autre jour, j'ai cuisiné pour ma famille, un beau plat. Saltimbocca avec Risotto. Le riz n'était pas assez cuit, il n'avait pas mauvais goût, il était plutôt bon. Cependant, je peux dire que mes parents m'ont dit qu'ils l'appréciaient, pour ne pas aggraver mes sentiments déjà nihilistes. Je suis conscient de l'humeur très déprimante de ce texte. Cependant, j'invite le lecteur à ne pas présumer qu'il est si mauvais. J'apprécie beaucoup les avantages de cette quarantaine à ma façon, mais une chose qui me manque vraiment, c'est l'atmosphère empaillée et bourdonnante que seule une salle de classe peut créer.